
In LØVE with Julien Doré
Un jour, je m’en irai sans en avoir tout dit de Jean d’Ormesson au fond de mon sac, j’ai patienté jusqu’à ce que le ciel se couche, sur ta peau de louve, car ce matin là, je me suis réveillée pour rencontrer un Chou Wasabi.
Je l’ai connu Lolita à travers un petit écran avant qu’il ne devienne le Bichon de son public; aujourd’hui, il est un LØVE de scène.
Qu’est-ce qui a changé?
Rien n’a changé dans la définition des
titres de ses deux albums; ce qui a changé, c’est ce qu’il se passe au coeur
des chansons. Entre le Bichon et ce LØVE là, moins de questions handicapantes
se posent, je me sens plus ancré dans mon écriture et dans mes mots. Après, je
ne peux pas véritablement faire une analyse de mon travail.
Je lui demande de
s’attarder sur ses questions handicapantes:
Il arrive de douter de sa place parce
qu’on a trop envie de ressembler à d’autres artistes qu’on admire: une
référence est forcément lourde et il faut du temps pour la digérer.
Bizarrement, lorsqu’enfin, on s’accepte tel qu’on est, à tout niveau – artistiquement
et humainement – ces questions de place, de légitimité s’échappent assez vite
et cela fait du bien. Aujourd’hui, ma façon de chanter, mon spectacle et mon
disque sont cohérents avec ce que je suis en tant qu’homme.
Il écrit en chanson tais-toi ce soir je vous quitte:
Cette chanson est un départ; elle vient
d’une volonté de quitter mon corps, de ne plus avoir ce poids… ce rythme
cardiaque qui définit mon tempo de vie. Dans cette lettre, car cette chanson
est une lettre, je ne pense pas avoir peur de ce qui doit m’arriver… si je dois
partir, je partirai. C’est un des drames de notre époque: cette façon
terrifiante de vouloir lutter contre le temps, les cycles évidents que l’on ne
peut pas contrôler: le jour se lève, il y a des saisons, on ne peut pas avoir
tout, n’importe où, à n’importe quel moment. La société d’hyper-consommation nous
fait croire qu’on peut avoir accès à tout, en permanence et que cet accès là
mène au bonheur. Je me rends compte que j’arrive à être heureux juste en
regardant les choses qui m’entourent et en ayant pleinement conscience de ne
pas être le maître de ce temps qui passe. Je suis né en 1982, j’ai grandi, un
jour le déclin arrivera et c’est ainsi, nous ne pourrons jamais lutter contre
cela et je l’ai accepté: je n’ai pas peur de vieillir. Après la crainte de ne
pas en avoir tout dit, forcément, mais mon message n’est pas unique; je ne suis
qu’une toute petite parcelle d’un certain nombre d’artistes, de gens qui créent
et partagent. Un petit bout de temps. Mais si pendant que j’occupe ce petit
bout de temps, je le fais avec force et sincérité, je n’aurai peut-être pas
l’impression d’en avoir tout dit, mais d’avoir fait ma part.